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Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 3.djvu/162

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TROISIÈME PARTIE

fond de son âme. C’était la dernière fois qu’elle l’entendait…

Mickey et Sam dormaient encore, couchés sur la paille commune. Kate traversa la salle des repas sans être aperçue.

Au dehors, elle prit sa course vers le sou de la montagne.

Le soleil de juin versait à flots sa radieuse chaleur. Tout était gai, calme, souriant. La nature était en fête…

Kate cheminait péniblement ; des sanglots soulevaient sa poitrine oppressée ; elle ne pleurait point, parce que ses yeux taris n’avaient plus de larmes. Où allait-elle ? Elle ne savait. Elle voulait s’enfuir loin, bien loin de son bonheur perdu !…

Au moment où elle était partie, Owen arrivait à cette période du sommeil où le moindre son fait ouvrir les yeux. Le bruit de la porte qui retombait suffit à l’éveiller. Il se dressa sur son séant, et regarda tout autour de la chambre.

— Kate, dit-il, où êtes-vous ?…

La pauvre Kate n’avait garde de répondre. Elle dépassait en ce moment les derniers arbres du petit bois de chênes verts qui entourait la ferme de Mac-Diarmid. À mesure que Kate s’éloignait de la maison, sa force semblait revenir,