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Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 3.djvu/164

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TROISIÈME PARTIE

— Kate est sortie sans moi, se dit Owen tristement ; elle est allée s’asseoir sous les arbres du bosquet…

Owen poussa un gros soupir. D’ordinaire les sentiers de la montagne ne les voyaient jamais l’un sans l’autre.

Il sortit et fit quelques pas au dehors. Son regard, où l’angoisse se peignait déjà, s’élança, perçant et avide, vers le sommet de la montagne. Une exclamation de plaisir s’échappa de ses lèvres, et son front se dérida. À perte de vue et tout au haut du sentier qui gravissait le mont, il venait de voir un point rouge se glisser entre les roches blanchies. À cette distance, l’œil d’un amant pouvait seul distinguer et reconnaître. Owen aimait.

Il bondit en avant, souple et agile. La route que la jeune femme avait mis une demi-heure à parcourir, il la franchit en quelques minutes…

Au sommet de ce premier pic de la chaîne des Mamturcks, se trouve un petit lac de forme ronde, où prend sa source le torrent de la Deele, qui va se jeter dans le lac Mask.

Sur les bords dépouillés de cette espèce d’entonnoir, dont la sonde, dit-on, n’a jamais trouvé le fond, s’élève une vieille croix clonmacnoise, dont les dentelles de pierre ont bravé l’effort du