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LE CHATEAU DE MONTRATH.

sa taille s’était redressée, sa volonté s’affermissait, et son pas se hâtait, plus assuré…

Owen s’étonna que son appel fût demeuré sans réponse. D’ordinaire, au premier son de sa voix, il voyait accourir Kate si joyeuse ! Le beau sourire de la jeune femme éclairait tous les jours son réveil. Mais il n’eut, dans ce premier moment, aucune inquiétude. Le souvenir des événements de la nuit restait confus en lui ; sa mémoire sommeillait encore ; il avait seulement sur le cœur ce poids vague dont la sourde gêne engage à ne point fouiller ses souvenirs.

Il appela une seconde fois, et le silence continua. Il était tout habillé sur son lit. Il se leva.

Aucun des vêtements de Kate n’était à sa place habituelle. Owen remarqua surtout l’absence de la mante rouge que la jeune femme prenait seulement lorsqu’elle allait au loin. Il ressentit à ce moment le premier aiguillon de la crainte.

— Pauvre Kate ! murmura-t-il ; que lui dire ?… Elle croit que je ne l’aime plus !… comment lui rendre son bonheur ?…

Son regard se dirigea vers la porte de la salle commune ; il était impatient de voir Kate, et en même temps il redoutait sa présence. Il vit la salle vide et ses deux frères endormis ; la porte du dehors était ouverte.