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LE CHATEAU DE MONTRATH.

— Eh bien ! chère, reprit Owen en rougissant imperceptiblement, nous avons eu un meeting de nuit de l’autre côté du cap Ranach, sous le parc de Montrath.

— Est-ce bien vrai ? s’écria la jeune femme.

Owen voyait sa victoire.

— C’est bien vrai, répondit-il en s’animant. Oh ! chère ! le beau meeting !… comme ils ont fait de grands discours ! comme ils ont dit de belles choses sur William Derry, le bon garçon, qui est le protégé d’O’Connell !…

Kate se laissa glisser le long du corps et se mit à genoux ; elle joignit les mains, et son regard s’élança vers le ciel avec une reconnaissance passionnée. Owen parlait encore, mais elle n’écoutait plus. Elle croyait, et son âme était pleine de bonheur.

Au bout de quelques secondes pourtant, l’expression de ses traits changea ; il n’y avait plus de soupçon dans son regard, mais bien une résolution sérieuse et intrépide.

— Je vous demande pardon, Owen, dit-elle, et je vous remercie, car je méritais de bien cruels reproches… Vous avez eu pitié de moi.

La joie d’Owen lui sauvait le remords de sa supercherie.