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TROISIÈME PARTIE.

gistes enragés, mal soutenus par les protestants timides, par les modérés, par les indécis, par toute cette cohorte irrésolue enfin qui forme la majorité des élections torys en Irlande.

Les repealers avaient battu les orangistes et couvert de boue James Sullivan, le saint devant le Seigneur ; ils avaient brisé les hustings, insulté les magistrats et porté leur candidat en triomphe.

Mais, comme ils étaient ivres outre mesure, ils ne s’étaient point arrêtés à temps dans leur victoire. Ils avaient mis en fuite les scrutateurs du poll, et au lieu d’une élection gagnée, ce n’avait été qu’une vaine bataille à coups de poing.

En Angleterre, et surtout en Irlande, il faut assurément bien des choses pour annuler une élection. Les trois quarts du temps le poll est une immense orgie, dont la comédie anglaise a vingt fois retracé les repoussantes extravagances ; mais tout en buvant on vote d’ordinaire ; tout en se battant on fait œuvre d’électeur. Ici on avait bu, on s’était battu, mais on n’avait point voté.

L’émeute avait envahi les hustings dès l’ouverture du scrutin. C’est à peine si on avait laissé le cher William Derry prononcer un tout petit bout de speech. Quant à James Sullivan, il n’a-