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TROISIÈME PARTIE.

Georgiana ne s’en aperçut point.

— Comment se porte mister Daws ? continua-t-elle. Et la bonne mistress Fenella, écrit-elle toujours ses mémoires ?

Tout cela fut dit avec beaucoup d’entrain ; mais dans la dernière question il y avait un peu d’ironie.

Lady Montrath était un ravissant bas-bleu de la noblesse ; Fenella était un vilain bas-bleu de la bourgeoisie ; mais, si grande que soit la distance entre deux bas-bleus, l’un ne parle jamais de l’autre sans se moquer, et c’est justice.

Francès ne répondit point. Son regard se tourna vers le secrétaire où gisait le vélin accusateur.

Les sourcils délicats de lady Montrath se froncèrent légèrement, comme si cette comparaison muette eût trouvé le défaut de son orgueil.

— Oh ! Fanny ! murmura-t-elle d’un ton moitié rieur, moitié fâché, je n’ai point voulu offenser l’excellente mistress Daws ; mais ne regardez pas ainsi mon secrétaire… j’écris pour moi toute seule… et je m’ennuie tant, chère Fanny, dans ce vilain château !…

Francès parcourut des yeux les gracieuses élégances du boudoir.

— Je sais ce que vous allez dire, s’écria lady