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TROISIÈME PARTIE.

tout à coup. Elle releva sur Francès ses yeux, où il y avait un véritable effroi.

— Oh ! restez, restez avec moi, Fanny ! reprit-elle, venez habiter le château… j’en serais bien heureuse : je vous aime tant !… Et puis, ajouta-t-elle en baissant la voix, si vous saviez comme j’ai peur !…

Ces dernières paroles avaient un accent de réalité peu commun dans la bouche de lady Montrath. Ses traits disaient une souffrance vague, mais sincère.

Francès la regardait étonnée.

— Vous avez peur, Georgy ? dit-elle, et de quoi ? On parle, il est vrai, des Molly-Maguires ; mais vous avez ici votre mari et une armée de domestiques…Comment d’ailleurs la présence d’une pauvre fille pourrait-elle vous rassurer ?…

Lady Montrath prit la main de son amie entre les siennes, qui étaient froides, et la serra convulsivement. Son visage était très-pâle et des tressaillements involontaires agitaient tout son corps.

— Francès, dit-elle d’une voix étouffée, ce ne sont pas les Molly-Maguires qui me font peur… Oh ! je suis folle peut-être, mais je suis bien malheureuse !…

Deux larmes roulèrent sur la mate blancheur