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Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 3.djvu/221

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LE CHATEAU DE MONTRATH.

rais. Plusieurs d’entre eux avaient déjà quitté le gros de la foule, et l’heiress s’attendait à être poursuivie. Il n’était pas temps encore de s’arrêter.

Les poneys, dont les flancs fumaient, reprirent intrépidement leur course parallèle. Mortimer poussa un gémissement faible en se sentant secouer de nouveau ; mais son regard était comme mort, et il ne se rendait point compte de ce qui se passait autour de lui.

L’heiress ne s’arrêta qu’au bord même du lac ; elle rendit la liberté à ses petits chevaux qui se couchèrent, haletants, dans l’herbe fraîche. Mortimer ne pouvait point se soutenir sur ses jambes ; si Ellen eût lâché prise un seul instant, il serait tombé à la renverse ; mais avec l’aide de la jeune fille, il restait debout.

Il y avait une barque attachée dans les roseaux, la même barque qui avait servi naguère à Ellen pour traverser le Corrib. Car c’était la deuxième fois que l’heiress faisait aujourd’hui cette longue route. Elle parvint à coucher Mortimer au fond de la barque, et saisit les avirons.

Le bateau léger se prit à fendre l’eau rapidement. Ellen savait manier la rame depuis son enfance, et souvent elle avait lutté de vitesse, en jouant, avec les pêcheurs du Corrib.