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Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 3.djvu/223

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LE CHATEAU DE MONTRATH.

pendent en guirlandes, remplaçant la voûte tombée. C’est comme un immense berceau. On ne voit plus les broderies de pierres et ces délicates sculptures que l’art du quatorzième siècle jetait à profusion le long des murailles saintes. Tout a disparu sous le vert tapis qui est vieux comme les ruines elles-mêmes et que les siècles ont tissé lentement.

L’île entière est comme la vieille abbaye ; le sol y disparaît partout sous le luxe d’une végétation opulente. Elle ressemble à un bouquet de verdure, disposé avec art et gracieusement arrondi, qui surgirait sur l’eau bleue du Corrib.

Tout autour de ses bords, des aunes et de grands saules s’élancent pour retomber en arcades et baigner leurs basses branches dans le lac. Entre l’endroit où elles plongent et la terre, il y a comme une voûte continue, tantôt large, tantôt étroite, mais capable, la plupart du temps, de tenir une barque à l’abri.

Ce fut à cette île qu’Ellen aborda. Elle écarta les branches des saules, et son bateau se glissa derrière les longs rameaux, qui se refermèrent sur lui. Du dehors il était désormais impossible de l’apercevoir.

Ellen jeta les rames et se mit à genoux auprès de Mortimer. Jusqu’à cette heure, elle avait con-