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Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 3.djvu/238

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TROISIÈME PARTIE.

yeux, et se reprit à soutenir la marche chancelante de Mortimer. Son mensonge muet avait réussi.

Ils arrivèrent au seuil de la ferme.

— Un cheval ! un cheval ! murmura Mortimer d’une voix épuisée.

En même temps ses jambes tremblèrent, et l’heiress eut besoin de toute sa force pour l’empêcher de tomber.

À la voix d’Ellen, la petite Peggy accourut et avec elle les deux grands chiens de montagne, qui s’approchèrent du major et le flairèrent en hurlant hostilement.

Le regard d’Ellen se fixa sur eux avec inquiétude.

— À bas, Black ! dit-elle ; à bas, Bell !

Les deux chiens assourdirent leur grondement ; mais ils continuèrent de fixer sur le major leurs gros yeux flamboyants.

Peggy regardait aussi l’étranger avec un étonnement mêlé d’aversion.

L’uniforme anglais ne sait point produire d’autre effet que celui-là dans les pauvres fermes de l’Irlande.

— Peggy, dit Ellen, aide-moi…

L’enfant demeura immobile ; elle n′osait point approcher.