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Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 3.djvu/251

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LE CHATEAU DE MONTRATH.

semblait venir trop souvent à l’encontre de sa douleur.

Kate aimait chèrement tous les Mac-Diarmid, parce qu’ils étaient les frères d’Owen et les fils du vieux Mill′s qui l’avait accueillie, orpheline, après la mort de Luke Neale. Elle regrettait le pauvre Dan comme un bon frère et comme un ami. Au premier moment son chagrin avait dominé toute autre pensée ; mais maintenant, tandis que la prière se prolongeait autour de la couche funèbre, des souvenirs cruels envahissaient l’âme de Kate, et reportaient son esprit vers un autre lit de mort…

C’était comme une fatalité ! Chaque fois que la confiance renaissait en elle, un événement survenait qui ranimait ses doutes et la faisait plus malheureuse. Owen l’avait-il trompée ? Elle eût voulu dire non à sa conscience, mais ce cadavre qu’on rapportait de nuit était une accusation terrible. Kate essayait de prier ; mais souvent, au travers de son oraison, se jetait une sombre pensée. Son regard interrogeait alors les cinq frères. Elle cherchait à lire sur leurs visages ; elle tâchait de deviner ; elle épiait… Sur les visages des cinq frères, elle ne voyait que tristesse recueillie et austères regrets.