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LE CHATEAU DE MONTRATH.

Georgiana au lieu de répondre. Elle s’appelait Jessy O’Brien… Je prie Dieu bien souvent pour elle, car elle est ma sœur en souffrance, et son sort sera le mien…

— Mais qui vous fait croire ?…

— Attendez, Fanny ; vous ne savez rien encore… Entendîtes-vous parler quelquefois dans Londres d’une créature à qui son luxe audacieux a prêté récemment une sorte de célébrité ?

— Comment la nomme-t-on ? demanda Francès.

— Mistress Wood, répondit lady Montrath.

— Ce nom a pu être prononcé devant moi, dit la jeune fille ; mais le monde où je vis est bien en dehors de vos brillantes excentricités… Je ne me rappelle rien de ce qui concerne cette femme.

— Londres est bien grand, murmura Georgiana, mais il me semblait que ses deux millions d’habitants devaient connaître mistress Wood. Ce nom tinte sans cesse à mon oreille… Elle est partout, et je ne puis faire un pas sans que son visage redouté vienne me barrer le chemin… On parle d’elle en tous lieux ; ses grossières prodigalités occupent le West-End depuis quelques mois… mille bruits courent sur elle… mille suppositions se bâtissent chaque jour : les uns la