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Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 3.djvu/44

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TROISIÈME PARTIE.

Les branches du massif voisin s’agitèrent. Georgiana serra le bras de Francès. Un homme parut entre les branches, et souleva sa casquette de chasse pour adresser aux dames un gracieux salut.

— C’est lui ! murmura Georgiana ; c’est milord !

Francès ouvrit de grands yeux, et considéra cet homme sous l’impression du récit qu’elle venait d’entendre. Elle cherchait dans ses traits immobiles quelque chose de sanguinaire et de cruel.

Mais c’était en vain : la physionomie de lord. George lui apparaissait épaisse, lourde et débonnaire. Ses doutes lui revinrent, lady Montrath avait pris ses frayeurs tout au fond de son imagination malade.

Il n’y avait rien, rien absolument en cet homme qui pût cadrer avec le portrait de Barbe-Bleue que Georgiana venait de tracer.

Celle-ci pourtant se repliait sur elle-même, comme un oiseau effrayé.

Lord George s’avança jusqu’au-dessous de la fenêtre. Il présenta son hommage à miss Roberts et poursuivit :

— Je présume que la fatigue du voyage vous aura procuré une bonne nuit, milady… Quant