Aller au contenu

Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 3.djvu/43

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
37
LE CHATEAU DE MONTRATH.

— Oh ! merci, chère ! murmura lady Montrath ranimée ; je serai forte auprès de vous… Si vous saviez quelle nuit j’ai passée et comme on souffre quand on est seule ! Jusqu’au jour il y a eu de la lumière chez milord… Ces bois, qui sont déserts et silencieux maintenant, animaient leur solitude. Aux rayons de la lune j’y ai vu des formes indécises qui se glissaient, rapides, entre les troncs d’arbres…

— Lady Montrath se leva et se pencha en dehors de la fenêtre.

— Cette masse sombre, reprit-elle à voix basse en montrant du doigt le château de Diarmid, ce n’est point une illusion, Francès !… à l’heure de minuit, j’ai vu des lueurs rougeâtres serpenter le long des tours noires et monter jusqu’au faîte des ruines… C’était comme le reflet d’un mystérieux incendie… Oh ! j’ai pensé devenir folle ! et, si je restais seule ici, Francès, milord n’aurait pas la peine de me tuer !…

La jeune femme appuyait sa tête pâlie sur l’épaule de sa compagne, qui, plus forte, n’écoutait pas pourtant sans effroi ce récit extraordinaire.

Elles demeurèrent toutes les deux, durant quelques minutes, silencieuses et perdues dans leurs réflexions.