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LE CHÂTEAU DE MONTRATH.

Georgiana elle-même avait l’air tout heureuse. Francès, confondant dans une même pensée sa tante et son amie, s’émerveillait et se demandait quel bonheur elles pouvaient trouver à travestir péniblement toutes les choses de la vie et à gâter jusqu’au bonheur.

Au récit de Georgiana, elle s’était fait de lord Montrath une idée si fausse que l’immobile figure du nobleman lui sembla toute pleine de franchise et de bons sentiments. Elle se sentait attirée vers lui ; elle prenait rapidement confiance, à tel point qu’au bout d’une demi-heure de promenade, elle avait gagné le courage de présenter sa requête en faveur du vieux Mill’s Mac-Diarmid.

À ce nom, lord George perdit le sourire qui ne l’avait point quitté depuis le château. Il jeta sur Francès un furif regard, puis ses yeux se baissèrent.

— On le dit bien coupable ! murmura-t-il.

— Il est innocent ! s’écria Francès chaleureusement.

Georgiana, qui n’était point prévenue, regardait son amie avec surprise.

Lord George avait eu le temps de se remettre ; son sourire était revenu.

— Assurément, dit-il, miss Roberts est un