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QUATRIÈME PARTIE.

Ils se reprirent à contempler leurs chères parures ; ils s’admirèrent de nouveau et davantage ; ils oublièrent tout ce qui n’était pas leur joie.

Encore plus beaux ! s’écria la petite Su ; entendez-vous, mon frère ?

— Oh ! si j’entends ! répliqua Paddy ; nous serons habillés peut-être comme les enfants des hommes riches de Galway !

— Et nous jouerons du matin au soir !

— Merci ! merci ! notre bon père !…

Gib avait autour de la lèvre un sourire plein d’amertume.

— Sainte Vierge, priez votre fils Jésus qu’il me pardonne ! murmura-t-il. Je les ai vus souffrir si longtemps !… si longtemps j’ai entendu leurs pauvres petites voix crier famine, sans pouvoir leur donner un morceau de pain !… Vous serez obéissants, n’est-ce pas, mes beaux chéris ? reprit-il tout haut ; vous n’oublierez pas ce que vous a dit votre père ?

— Nous serons bien obéissants, répliquèrent les deux enfants.

Gib les reprit par la main et continua sa route vers la ville.

Les rues de Galway étaient, ce matin, aussi désertes et aussi muettes que nous les avons