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LA GALERIE DU GÉANT.

vieux Mill’s Mac-Diarmid est si bon !… si nous allions le faire mourir, comme les soldats anglais !

Gib détourna la tête pour cacher la rougeur qui lui montait au front.

— Petite folle ! murmura-t-il. Je dirai comme vous… Pensez-vous que votre père puisse faire mal ?

— Oh ! non ! répondirent à la fois les deux enfants.

Gib les enleva tour à tour dans ses bras et les baisa. Il y avait de la sueur à son front.

— C’est un digne et saint vieillard que Mill’s Mac-Diarmid ! reprit-il en baissant les yeux. Qui donc voudrait lui causer de la peine ?… Ne vous inquiétez point de choses que vous ne pouvez pas comprendre, et songez plutôt aux bons jours qui vont succéder à notre misère… Plus jamais faim. Paddy ! plus jamais froid, petite Su ! plus de travail dans la boue glacée des bogs !… et des habits encore plus beaux que ceux-là !

Il n’en fallait pas tant pour faire taire les vagues scrupules des deux enfants, pauvres créatures ignorantes en qui l’instinct du bon dépérissait comme le grain semé dans une terre inculte.