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LA GALERIE DU GÉANT.

sant au coupeur de tourbe, que vous avez cru pouvoir railler la justice et l’engager dans une fausse voie ?… C’est dangereux, mon garçon, car la justice a le bras fort et se venge !

Gib secoua la tête avec mélancolie.

— Plût à Dieu que je n’eusse point d’autre motif de parler ! murmura-t-il. Ah ! Votre Honneur ! Votre Honneur ! ajouta-t-il en étreignant son front à pleines mains, si les enfants avaient de quoi manger, vous auriez beau me dire : « Tu seras pendu, Gib ! Gib, tu mourras ! la justice te tuera !… » la mort ne nous fait pas peur à nous autres pauvres gens pour qui vivre c’est souffrir.

Gib s’interrompit et jeta un furtif regard à ses deux enfants, qui croquaient leurs gâteaux en souriant.

— Mais les chers innocents, reprit-il à voix basse ; oh ! si vous saviez comme ils pleurent quand ils ont faim !… Voyez comme ils sont maigres, comme leurs petites joues sont pâles !… Mon Dieu ! mon Dieu ! vous qui me les avez donnés, me punirez-vous pour les avoir trop aimés ?

Mac-Foote et ses compagnons échangèrent un sourire d’intelligence. La vérité allait triompher.

Quant à Fenella Daws, elle ne comprenait