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QUATRIÈME PARTIE.

bre et reparut quelques secondes après, soutenant les pas chancelants du major.

Percy était bien changé. Il ne se ressemblait plus à lui-même, et vous n’eussiez point reconnu ce fier soldat qui faisait si mâle figure à la tête de ses robustes cavaliers. Ses joues, que le repos du lit et la fièvre avaient un instant colorées, se creusaient plus livides. Son front s’inclinait ; ses yeux agrandis avaient éteint les rayons de leurs prunelles. Il avait l’air d’un vivant fantôme.

Mais Jermyn n’eut point pitié. Ce souffle de vie qui restait à Mortimer, Jermyn l’enviait ; il lui fallait les quelques gouttes de sang qui n’avaient pas coulé par les nombreuses blessures du Saxon.

Il le dévorait d’un regard avide ; il étreignait convulsivement l’arbre qui le cachait, pour se retenir à quelque chose et ne point bondir sur sa proie.

Ellen pensait avoir parcouru de l’œil tous les recoins du bois et croyait le dernier des Mac-Diarmid dans la salle commune. Elle avait l’espoir peint sur le visage ; son beau sourire encourageait la faiblesse du major. Elle le soutenait comme une fille tendre appuie la fatigue de son père ; elle lui disait de ces douces paroles qui, tombant d’une bouche aimée, sont comme un