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QUATRIÈME PARTIE.

des absents !… La noble Ellen a-t-elle oublié son vieux père ?

À cette question personne ne répondit.

Mill’s attendit quelques instants, puis il reprit :

— Elle a craint peut-être les tristesses de la séparation… Je prie Dieu qu’il protège la fille de la race sainte des rois… Je suis sûr de l’avoir aimée et respectée comme je devais durant ma vie… Quand je serai auprès de Dieu, je lui parlerai d’elle… Où sont Natty, Dan et Jermyn ?

— Natty est malade, répondit Morris.

— Où sont Dan et Jermyn ? répéta le vieillard.

Les cinq frères baissèrent les yeux et se turent.

Un silence suivit. Puis le vieux Mills prononça les paroles latines du Benedicite, et l’on ne parla plus des absents.

Le repas commença. Il régnait dans l’air, à ce moment, quelque chose de solennel et de lugubre. Les cinq frères trouvaient à peine la force de porter les morceaux à leur bouche. Le vieillard seul mangeait comme aux jours écoulés, où l’heure du soir rassemblait toute la famille autour de la table commune.

La fenêtre était ouverte. Le soleil jouait dans