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LA GALERIE DU GÉANT.

— Père, dit-il tout à coup, vous nous avez raconté souvent la fin héroïque de notre aïeul Patrick Mac-Diarmid, tué par le tyran George III, et qui, avant de mourir, provoqua ses douze fils à boire au salut de l’Irlande…

L’œil de Mills, qui était redevenu calme et grave, s’alluma soudain de nouveau.

Il saisit son verre plein et l’éleva au-dessus de sa tête.

— Patrick Mac-Diarmid fit cela, dit-il, c’est vrai !… et l’usquebaugh de ce dernier toast ne l’empêcha pas de mourir comme un saint, en baisant l’image de Jésus sur un crucifix… À genoux, enfants, à genoux !

Le vieillard se prosterna et mit la main sur son cœur.

Erin go braegh ! dit-il.

Et il avala son verre d’un trait.

Erin go braegh ! répétèrent les cinq Mac-Diarmid, dont les traits s’éclairèrent d’une joie subite.

La liqueur que le vieux Mills venait de boire contenait la poudre achetée par Morris chez l’apothicaire, au prix de deux schellings et six pence. Ce fut comme un coup de foudre. Le vieillard eut à peine le temps d’apercevoir la fraude pieuse employée par ses fils pour le sauver.