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LA GALERIE DU GÉANT.

son épuisement ; il pressait doucement contre son sein la tête de l’heiress endormie.

Son amour n’était point de ceux qui éclatent fougueusement ou dont la flamme ardente dévore le cœur comme un incendie. C’était un amour profond et grave, ennobli par le respect et digne en tout de la belle âme de l’heiress.

Percy l’aimait comme elle devait être aimée ; de cette tendresse pure, élevée, sérieuse, que l’âge cimente et que la mort seule peut briser.

En ce moment, Percy se réjouissait de lui devoir la vie. Il était jeune, et si positif que soit un esprit, l’espoir riant s’y glisse à de certaines heures et secoue au-devant de l’avenir son voile tout étoilé de promesses. Mortimer entrevoyait dans le lointain les joies pures de l’union désirée, les jours tranquilles, le silencieux bonheur.

Ses mains s’égaraient dans la molle chevelure d’Ellen.

Mais tout à coup une pensée vint à la traverse de sa rêverie.

Ellen, par trop d’amour, l’avait trompé déjà deux fois. Le jour précédent, après le combat dans le bog, elle lui avait promis de le conduire à Galway, et il s’était éveillé dans une chambre inconnue. Ce matin même, il avait cru