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LA GALERIE DU GEANT.

Ce bruit de Londres dont parlait Jessy, c’était le murmure sourd de la mer ; ce pain jeté périodiquement à la recluse par une invisible main, c’était la nourriture quotidienne que Pat croyait servir au prétendu monstre, destiné, suivant la naïve croyance des bonnes gens du pays, à la destruction des catholiques. La meurtrière oblique de la prison de Jessy donnait sans doute sur l’escalier de Ranach, et le pain, lancé par cette ouverture, était venu tomber à la base du cap.

Tout cela était vrai. Mais Morris précipitait sa course désespérée, parce que toutes ces explications ne valaient pas une bouchée de pain pour pauvre fille affamée.

Il entendait à chaque instant, plus prochain, ce roulement régulier qu’il prenait pour le trot d’une troupe de cavaliers. Cependant il ne voyait rien encore, tant les ténèbres étaient profondes ; mais une circonstance vint dissiper le reste de ses doutes.

À moitié chemin de Kilkerran, une voix s’éleva tout à coup au-devant de lui, criant le qui-vive militaire. En même temps tout bruit de marche cessa pour faire place au son presque imperceptible du galop isolé d’un cheval.

On ne répondit point au qui-vive, qui fut répété d’une voix forte et menaçante.