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LA GALERIE DU GÉANT.

Son œil fit avec lenteur le tour de la table vide.

Il ne toucha point les mets rustiques placés devant lui. Pas une parole ne tomba de sa bouche. Il attendit.

Vers le milieu du jour, la porte de la ferme s’ouvrit enfin. Morris entra, soutenant Jessy, faible, entre ses bras.

Le visage du vieux Mills resta immobile et glacé. Il regarda sa fille chère comme s’il ne la reconnaissait point.

— Où sont mes frères ? demanda Morris à Peggy.

Peggy ne répondit pas.

— Où sont Kate et la noble heiress ?

La petite fille secoua la tête en pleurant.

Morris s’avança vers son père et voulut lui prendre la main.

Le vieillard retira la sienne.

— Pourquoi la maison de Mac-Diarmid est-elle déserte ? dit-il d’une voix creuse et morne.

— Ils vont revenir…, balbutia Morris, qui avait peine à maîtriser son inquiétude.

— Qui sait ? reprit le vieillard en fixant sur Morris un regard étrange. Déjà hier Natty, Dan et Jermyn peut-être étaient morts… Ne mentez pas, Mac-Diarmid, car j’ai tout deviné !