Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 4.djvu/29

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
21
LA GALERIE DU GÉANT.

amaigrie de l’homme : l’alcool brûlant a mis des cendres à la place de leur poitrine.

Jeremyn était comme ces victimes du vice londonien. Sous son écorce jeune et vive, il n’y plus déjà que les cendres d’un cœur.

Tandis que la prière se poursuivait dans la chambre voisine, il se jeta brisé sur le lit de paille et pleura comme un enfant découragé…

Le bruit de l’oraison passait comme un bourdonnement importun autour de son oreille. Parmi ces sons pieux, son imagination en délire croyait entendre d’autres sons partant de la chambre d’Ellen. C’étaient des soupirs doux, des paroles de miel, et comme un murmure de baisers prodigués…

Il mordait la paille de sa couche et il blasphémait.

L’heiress avait entendu, elle aussi, l’arrivée de ses frères d’adoption. Le major s’était rendormi ; elle voulut aller s’agenouiller auprès du lit de Dan.

Au bruit que fit la porte de sa chambre en ouvrant, Jermyn bondit sur ses pieds.

Ellen tenait en main sa chandelle de jonc qu’elle déposa sur la table. Quand elle aperçut Jermyn debout sur son passage, elle rougit, et un éclair d’indignation brilla dans son œil.