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LA GALERIE DU GÉANT.

dormait Morris, et une litière de paille humide servant de couche au bon garçon Pat.

Au centre de la pièce, qui se trouvait déblayée à peu près, on voyait quelques tisons éteints auprès d’une petite marmite de terre.

Deux ou trois images de saints, dont l’humidité avait rongé les couleurs, étaient collées aux pierres de la muraille.

Au-dessus de la litière pendaient un couteau, un bâton et une pipe. Un peu plus loin, des pains d’avoine étaient entassés auprès d’un trésor de pommes de terre saines. À cette époque de l’année, qui rentre dans le néfaste buying times[1], une pareille provision était une fortune, et l’on n’en eût point trouvé de pareille dans les fermes les plus riches du voisinage.

Le trou lui-même, si laid qu’il puisse paraître au lecteur, était mieux clos et moins humide que la plupart des pauvres cabanes aux murailles de boue qui font la demeure des Irlandais campagnards.

De sorte que le bon Pat était, en définitive, un homme très-bien logé. Avec son ample provi-

  1. On appelle ainsi cette période d’affreuse disette qui désole la plupart des comtés de l’Irlande, chaque année régulièrement, au moment où les pommes de terre germent et ne sont plus mangeables.