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QUATRIÈME PARTIE.

cette magistrature aveugle et inique dont la main s’appesantissait depuis de longs mois sur son vieux père innocent.

Il n’avait foi qu’en lui-même. Il voulait voir cette femme, l’interroger, la supplier, la contraindre.

À la porte du château, les valets de Montrath l’avaient arrêté.

Il avait demandé cet Irlandais, ami de son enfance, que la misère avait fait le domestique d’un Saxon. Mais cet homme avait habité Londres trop longtemps ; il ne voulait plus ou il n’osait pas se souvenir.

La livrée de milord s’était sincèrement réjouie de l’embarras du pauvre Morris. On avait raillé ses longs cheveux, son carrick, son chapeau rond à bords étroits, et tous ces détails de costume qui font reconnaître le paddy. Ce costume, Morris le portait fièrement, et l’on n’eût point trouvé sous les fracs noirs des dandys de Pallmall de si noble tournure que la sienne. Mais Londres, non content d’opprimer, bafouera éternellement ce peuple, qui pousse le ridicule jusqu’à mourir de faim.

Morris eut bien la pensée de se frayer un passage par la force à travers cette armée de valets ; mais, une fois entré, pourrait-il ressortir ? Plus