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Page:Féval - La Rue de Jérusalem, 1868.djvu/287

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Elle s’était écriée, je m’en souviens comme si j’y étais encore : C’est la fille naturelle qui a fait cela !

— Possible. Voici mon anecdote. Mme Soulas accosta Jeannette et lui demanda :

— Est-ce que Mlle Suavita de Champmas était ?…

Elle n’acheva pas, mais elle planta son doigt au milieu de son front.

Jeannette l’écarta violemment et comme si elle eût voulu repousser une insulte adressée à la fille de son maître.

Mais Mme Soulas s’attacha à ses vêtements et lui demanda encore :

— Est-ce que Mlle Suavita de Champmas était muette ?

La vieille Jeannette déchira sa robe en l’arrachant de ses mains, et s’éloigna d’elle avec horreur.

Mme Soulas, et c’est ce qui me frappa, murmura en passant près de moi :

— Non, non ! ce n’est pas elle !

M. Badoît secoua la tête et dit avec découragement :

— J’ai cherché assez de ce côté. Mme Soulas avait raison : Blondette ne peut pas être la fille du général. M. le baron habite à quelques lieues du château de Champmas, là-bas, dans l’Orne. D’ailleurs, pourquoi la cacherait-il ?… Non. Il y a là un mystère, et je sais bien que Mme Soulas pourrait le dire. Ce que j’ai pensé, le voici : les Habits-Noirs ont essayé d’assassiner cette enfant-là, c’est un fait. Quelle qu’elle soit, ils ont un intérêt à cela. Le baron la cache pour la soustraire à quelque danger dont il connaît mieux que nous la nature.

— Ainsi soit-il, dit Pistolet. Alors, cette Blondette est bien mon petit paquet de soie blanche ?

— Il y a des motifs pour le croire.

— Après ?

— La chose certaine, c’est que le baron semble ne plus chercher les parents. De deux