Aller au contenu

Page:Féval - La Tache Rouge, volume 1 - 1870.djvu/10

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
2
LA TACHE ROUGE

comme des moutons que la panique disperse ; la lune à son déclin argentait leurs contours, découpant les profils dentelés de la maison de Saint-Louis et allumant un reflet aux dorures de la Sainte-Chapelle.

C’est ici le paysage parisien par excellence. Le fantôme gaulois y revient pour raconter l’histoire de dix-huit siècles écoulés.

C’est le centre de la grande ville monumentale. Paris nouveau aligne à l’occident ses jeunes magnificences, auxquelles rien ne manque, pas même les riants et verts horizons ; à l’orient, c’est la ville féodale, la cité des bourgeois et les faubourgs du peuple.

À gauche de la statue du premier Bourbon, le Louvre se dresse, bien changé, il est vrai, depuis le temps de Philippe-Auguste, et n’abritant plus que la royauté de l’art ; à droite, allongée comme une nef de pierre, la cathédrale de Paris prête sa poupe au courant de l’eau, cachant le quartier de Sully et flanquée vers le lointain par les grands massifs du Jardin-des-Plantes.

Parmi ces palais, ces citadelles, ces basiliques, la Seine coule et passe en revue les merveilles de ses bords.

Il faisait froid, ce matin de dimanche gras, les pavés brillaient aux lueurs des réverbères. La ville se taisait comme une morte, et c’est à peine si quelques roulements sourds, à de longs intervalles, réveillaient l’écho endormi.