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Page:Féval - La Tache Rouge, volume 1 - 1870.djvu/12

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LA TACHE ROUGE

Aux uns le plaisir, aux autres le travail.

Ces deux moitié de Paris ne se connaissent pas beaucoup l’une l’autre ; on dit qu’elles ne s’aiment pas. La seconde jalouse ma première.

À laquelle des deux cependant appartient le bonheur ?

Il y avait un rideau blanc derrière les carreaux éclairés de la lucarne qui formait maintenant un point brillant au plus haut étage de la maison faisant la coin de la rue Dauphine.

La mansarde était sans doute très-petite, car un jeu d’ombres chinoises se produisit sur la percale de façon à traduire au dehors tous les mouvements de l’être humain qui habitait cette étroite alvéole.

Le lit devait être au fond ; la lumière, selon toute apparence, était sur la table de nuit, et la femmelette vive, alerte, presque sémillante, s’agitait entre la lumière et le rideau, sans jamais franchir les limites de ce champ exigu.

Quel âge pouvait avoir cette apparition matinale ? C’est la première question quand il s’agit d’une ombre de femme.

Il y en a de tous les âges dans ces nids. La plupart sont jeunes et commencent désarmées, hélas ! et dépourvues aussi, la dure bataille de la vie. Mais d’autres ont vieilli sans décider le combat, conquérant jour par jour l’obole qui permet de ne point mourir.