Aller au contenu

Page:Féval - La Tache Rouge, volume 1 - 1870.djvu/16

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
8
LA TACHE ROUGE

Un grand panier, pourquoi ? pour les provisions ? leurs provisions tiendraient dans le creux de la main.

Il y en a qui sont gourmandes, mais c’est le dimanche seulement, et leur gourmandise ne suffit pas à remplir les poches de leur tablier.

Des bruits vagues et lointains commençaient, cependant, à se faire entendre ; quelques marcheurs invisibles allaient dans l’ombre des quais ; des charrettes roulaient sur le chemin de la halle, et l’ivrogne quittait sa borne en causant politique tout seul.

De voitures, point. Les bals masqués n’avaient pas encore lassé leurs danseurs.

Une étoile ambulante rasait le sol au bout du Pont-Neuf ; quand elle s’arrêtait, on pouvait ouïr le son sec d’un crochet de chiffonnier qui piquait une loque de papier dans la boue.

Plus près, le pas sonore et solennel d’un gardien de la paix publique retentissait sur le trottoir.

— Le cordon, s’il vous plaît ! demanda une petite voix claire sous la porte cochère de la maison à six étages.

Un grognement irrité sortit de la loge du concierge et le pêne joua dans la serrure.

Notre femmelette de la mansarde, car c’était bien elle, se glissa dehors, refermant la porte doucement et sans bruit.