Aller au contenu

Page:Féval - La Tache Rouge, volume 1 - 1870.djvu/20

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
12
LA TACHE ROUGE

Elle monta rapidement la rue de la Monnaie et tourna court au coin de la rue Saint-Honoré.

Un vaste et sourd murmure se faisait dans la direction du marché des Innocents.

Vous eussiez dit que la petite femme avait maintenant des ailes.

Au bout de la rue de la Féronnerie, elle rencontra les avants-postes de ce campement bizarre qui est la Bourse des maraichers de Paris.

La première marchande, une grosse paysanne des environs de Villiers-le-Bel, la vit venir de loin et cria de sa voix enrouée :

— Arrivez donc, maman Marquis, ce matin nous allons vous servir du lait doux : il y a une lettre ! une lettre d’elle !

La petite femme se mit à courir, mais quand elle arriva auprès de la marchande qui lui tendait un papier en riant, ses jambes chancelèrent, et c’est à peine si sa main tremblante eut la force de recevoir la lettre, qu’elle porta passionnémeut à ses lèvres.