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Page:Féval - La Tache Rouge, volume 1 - 1870.djvu/22

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LA TACHE ROUGE

Vous eussiez dit, en vérité, un brave garçon surpris à l’improviste par une de ces étreintes du cœur amenant forcément les larmes, mais qui se retient et se cache parce qu’il a honte de pleurer.

— C’est vrai, ma bonne Bastien, dit-elle enfin avec effort, je l’aime bien.

Puis elle essuya ses yeux d’un geste brave et ajouta :

— Mais ce n’est pas une raison pour fondre en eau, pas vrai ? Je crois que je suis un peu détraquée, ce matin ; tenez, mes mains sont de beurre !

En effet, elle avait grand’peine à ouvrir l’enveloppe.

La paysanne, qui la regardait avec un intérêt tout à fait amical, secoua la tête et dit tout bas :

— J’ai été nourrice plus d’une fois, avant et après Mlle Angélique ; j’ai donné mon lait à quatre mioches de grandes maisons, je connais les nobles et les riches comme ma poche, et c’est certain que les dames de cet acabit-là ont de drôles de moments où un rien les fait pleurer… Et savez-vous, maman Marquis, voilà déjà bien des fois que j’ai cette idée-là : votre grand panier et vous ça fait deux ; vous ressemblez à une cuisinière comme moi à une princesse !

Maman Marquis haussa les épaules et son front se plissa.

— Bon ! bon ! fit la paysanne, n’empêche que vous ne