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Page:Féval - La Tache Rouge, volume 1 - 1870.djvu/23

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LA TACHE ROUGE

verrez jamais ce qu′il y a là-dedans à moins que je m′en mêle. Vous tremblez trop, donnez-moi ça.

Elle prit l’enveloppe, qui était timbrée d’un large cachet armorié et que la petite femme cherchait à retenir avec une obstination enfantine.

— Chacun a ses secrets, quoi ! continua la Bastien ; on ne vous demande pas de vous confesser en plein marché.

Elle fourra ses doigts épais sous le papier satiné de l’enveloppe, et reprit en baissant la voix :

— Je ferais peut-être mieux de vous dire un peu d’avance ce qu’il y a là-dedans, maman, car je ne veux pas vous chagriner en répétant que vous ressemblez, des fois, à une comtesse ; mais j’en ai vu qui tombaient en syncope, les quatre fers en l’air, aussi bien par trop de joie que par trop de peine. Il y a donc d’abord un petit carré de carton dont vous aviez fièrement envie.

— Son portrait ! murmura maman Marquis, en riant parmi ses larmes.

Elle ajouta, si bas que la paysanne ne l’entendit point :

— La pauvre grand’tante qui est là-bas dans son petit domaine, de l’autre côté d’Angers, a bien prié pour avoir ce portrait !

— Il y a ensuite, reprit la maraichère, une bonne nouvelle pour nous deux. Quand les beaux temps vont