Aller au contenu

Page:Féval - Le Bossu (1857) vol 1-3.djvu/176

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
170
LE BOSSU.

mais le sacrifice humain a des bornes. Faites un pas et je vais attendre ma fille à côté de son père.

Gonzague avait besoin de sa femme pour toucher les revenus de Caylus. Il salua profondément et s’éloigna.

Depuis ce soir, jamais une parole n’était tombée de la bouche de la princesse en présence de son mari. Celui-ci était courtois, prévenant, affectueux. Elle restait froide et muette.

Chaque jour, à l’heure des repas, Gonzague envoyait le maître d’hôtel prévenir madame la princesse. Il ne se serait point assis avant d’avoir accompli cette formalité. C’était un grand seigneur.

Chaque jour, la première femme de madame la princesse répondait que sa maîtresse, souffrante, priait M. le prince de la dispenser de se mettre à table.

Cela, trois cent soixante-cinq fois par an pendant dix-huit années.

Du reste, Gonzague parlait très souvent de sa femme, et en termes tout affectueux. Il avait des phrases toutes faites qui commençaient ainsi : « Madame la princesse me disait… » ou bien : « Je disais à madame la princesse… » et il plaçait ces phrases volontiers.