Le monde n’était point dupe, tant s’en fallait, mais il faisait semblant de l’être, ce qui est tout un pour certains esprits forts.
Gonzague était un esprit très-fort, incontestablement habile, plein de sang-froid et de hardiesse. Il avait dans les manières la dignité un peu théâtrale des gens de son pays ; il mentait avec une effronterie voisine de l’héroïsme, et, bien que ce fût au fond le plus déhonté libertin de la cour, en public chacune de ses paroles était marquée au sceau de la plus rigoureuse décence. Le régent l’appelait son meilleur ami.
Chacun lui savait très-bon gré des efforts qu’il faisait pour retrouver la fille du malheureux Nevers, le troisième Philippe, l’autre ami d’enfance du régent.
Elle était introuvable, mais, comme il avait été jusqu’alors impossible de constater son décès, Gonzague restait le tuteur naturel, à plus d’un titre, de cette enfant qui sans doute n’existait plus.
Et c’était en cette qualité qu’il touchait les revenus de Nevers.
La mort constatée de cet enfant l’aurait rendu héritier du duc Philippe.
Car la veuve de ce dernier, tout en cédant à la pression paternelle en ce qui concernait le