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LE BOSSU.

me glace… il me faut la lumière, le mouvement, le plaisir surtout, le plaisir qui fait vivre… La gaieté m’attire, le rire m’enivre, les chansons me charment… L’or du vin de Rotta met des diamants dans mes yeux, et quand je ris je sens bien que je suis plus belle !

— Charmante folle, murmura Gonzague avec une caresse toute paternelle.

Dona Cruz retira ses mains :

— Vous n’étiez pas ainsi à Madrid !.. fit-elle.

Puis avec colère :

— Vous avez raison, je suis folle… mais je veux devenir sage… je m’en irai…

— Dona Cruz !… fit le prince.

Elle pleurait. — Il prit son mouchoir brodé pour essuyer doucement ses larmes.

Sous ces larmes, qui n’avaient pas eu le temps de sécher, vint un fier sourire.

— D’autres m’aimeront ! dit-elle avec menace.

Ce paradis, reprit-elle avec amertume. — C’était une prison !… vous m’avez trompée, prince… Un merveilleux boudoir m’attendait dans un pavillon qui semble détaché d’un palais de fée… du marbre, des peintures délicieuses, des draperies de velours brodées d’or… de l’or aussi aux lambris, et des sculptures, des cristaux aux voûtes…