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LE BOSSU.

Mais à l’entour, poursuivit-elle, des ombrages sombres et mouillés… des pelouses noires, où tombent une à une les pauvres feuilles, mortes de ce froid qui me glace…

Des caméristes muettes, des valets discrets, des gardes du corps farouches… et pour majordôme, cet eunuque livide, ce Peyrolles…

— Avez-vous à vous plaindre de M. de Peyrolles ? demanda Gonzague.

— Non… il est l’esclave de mes moindres désirs… il me parle avec douceur… avec respect même, et, chaque fois qu’il m’aborde, la plume de son feutre balaye la terre.

— Eh bien ?…

— Vous raillez, monseigneur !… ne savez-vous pas qu’il rive les verrous à ma porte, et qu’il joue près de moi le rôle d’un gardien de sérail ?…

— Vous exagérez tout, dona Cruz !…

— Monseigneur, l’oiseau captif ne regarde même pas les dorures de sa cage… je me déplais chez vous… j’y suis prisonnière… ma patience est à bout… je vous somme de me rendre la liberté !

Gonzague se prit à sourire.

— Pourquoi me cacher ainsi à tous les yeux ? reprit-elle ; — répondez, je le veux !

Sa tête charmante se dressait impérieuse.

Gonzague souriait toujours.

T. II.
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