mais malheur !… vos parents et vos amis auront compassion de vous si vous êtes trompée.
— Trompée ! répéta la princesse sans relever la tête ; oh ! oui… j’ai été bien souvent trompée… mais si personne n’est ici pour me défendre, je me défendrai moi-même… Ma fille doit porter avec elle la preuve de sa naissance.
— Quelle preuve, demanda le président de Lamoignon ?
— La preuve désignée par M. de Gonzague lui-même… la feuille arrachée au registre de la chapelle de Caylus…
— Arrachée de ma propre main, messieurs ! ajouta-t-elle en se redressant.
— Voilà ce que je voulais savoir, pensa Gonzague.
— Cette preuve, reprit-il tout haut, votre fille l’avait, madame.
— Elle ne l’a donc pas ! s’écria Aurore de Caylus.
Un long murmure s’éleva dans l’assemblée à cette exclamation.
— Emmenez-moi ! emmenez-moi ! balbutia dona Cruz en larmes.
Quelque chose remua au fond du cœur de la princesse, en écoutant la voix désolée de cette pauvre enfant.