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LE BOSSU.

» Je ne sais pas si le combat dura plus d’une minute. Au bout de ce temps, il avait enfourché la monture de l’un des morts et se lançait au galop, me tenant dans ses bras.

» Nous ne retournâmes point à l’alqueria. Mon ami dit que le maître l’avait trahi. — Et il ajouta :

» — On ne peut se cacher que dans une ville !

» Nous avions donc à nous cacher ? Jamais je n’avais réfléchi à cela. La curiosité s’éveillait en moi en même temps que le vague désir de lui tout devoir. Je l’interrogeai. Il me serra dans ses bras en me disant :

» — Plus tard, plus tard.

» Puis, avec une nuance de mélancolie :

» — Es-tu donc fatiguée déjà de m’appeler ton père ?…

» …… Il ne faut pas être jalouse, ma mère, ma mère chérie. Il a été pour moi toute la famille : mon père et ma mère à la fois.

» Ce n’est pas de ta faute : tu n’étais pas là…

» Mais, quand je me souviens de mon enfance, j’ai les larmes aux yeux. Il a été bon, il a été tendre, et tes baisers, ma mère, n’auraient pas pu être plus doux que ses caresses.

» Lui si terrible ! lui si vaillant !