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LE BOSSU.

» — Nous allons partir, Aurore, me dit-il !

» — Pour longtemps ? demandai-je.

» — Pour toujours.

» — Quoi ! m’écriai-je en regardant notre pauvre petit ménage, — nous allons laisser tout cela ?

» — Oui, tout cela, fit-il en souriant tristement ; — je viens d’aller chercher au coin de la rue un pauvre homme qui sera notre héritier… Il est content comme un roi, lui… Ainsi va le monde !

» — Mais où allons-nous, ami ? demandai-je encore.

» — Dieu le sait, me répondit-il en essayant de paraître gai ; — en route, ma petite Aurore… il est temps !

» Nous sortîmes. — Ici se place quelque chose de terrible, ma mère. Ma plume s’est arrêtée un instant, mais je ne veux rien te cacher.

» Comme nous descendions les marches du perron, je vis un objet sombre au milieu de la rue déserte. Henri voulut m’entraîner dans la direction des remparts ; mais je lui échappai, embarrassé qu’il était par son fardeau et je m’élançai vers l’objet qui avait attiré mon attention.

» Henri poussa un cri : c’était pour m’arrêter. Je ne lui avais jamais désobéi, mais il était