Page:Féval - Le Bossu (1857) vol 1-3.djvu/46

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
40
LE BOSSU.

tous. Ils étaient manifestement battus par le même orage.

Avant l’arrivée de Cocardasse et de Passepoil, les trois groupes, distincts, n’avaient point lié familiarité. Le Breton ne connaissait personne, l’Allemand ne frayait qu’avec le Spolétan, et les trois Espagnols se tenaient fièrement à leur écot. Mais Paris était déjà un centre pour les beaux-arts. Des gens comme Cocardasse junior et Amable Passepoil, qui avaient tenu table ouverte dans la rue Croix-des-Petits-Champs, au revers du Palais-Royal, devaient connaître tous les fendants de l’Europe.

Ils servirent de trait d’union entre les trois groupes, si bien faits pour s’apprécier et s’entendre. La glace fut rompue, les tables se rapprochèrent, les brocs se mêlèrent, et les présentations eurent lieu dans les formes.

On connut les titres de chacun. C’était à faire dresser les cheveux !

Ces six rapières accrochées à la muraille avaient taillé plus de chair chrétienne que les glaives réunis de tous les bourreaux de France et de Navarre.

Le Quimpérois, s’il eût été Huron, aurait porté deux ou trois douzaines de perruques à sa ceinture ; le Spolétan pouvait voir vingt et quelques