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LE BOSSU.

— Bah ! s’écria Berrichon stupéfait, elle n’a pas l’air.

— C’est justement ! repartit la bonne femme.

Et, finissant la discussion, elle ajouta :

— Tu n’as pas l’âge… à ta besogne !

— Vous n’êtes pas heureuse, à ce qu’il paraît, Aurore, dit maître Louis, quand Berrichon eut quitté la chambre à coucher.

— Je vous vois bien rarement, répondit la jeune fille.

— Et m’accusez-vous, chère enfant ?

— Dieu m’en préserve !… Je souffre parfois, c’est vrai ; mais qui peut empêcher les folles idées de naître dans la pauvre tête d’une recluse ?… Vous savez, Henri, dans les ténèbres, les enfants ont peur, et dès que vient le jour, ils oublient leurs craintes… Je suis de même, et il suffit de votre présence pour dissiper mes capricieux ennuis.

— Vous avez pour moi la tendresse d’une fille soumise, Aurore, dit maître Louis en détournant les yeux, je vous en remercie.

— Avez-vous pour moi la tendresse d’un père, Henri ? demanda la jeune fille.

Maître Louis se leva et fit le tour de la table. Aurore lui avança d’elle-même un siège, et dit avec une joie non équivoque :