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LE BOSSU.

mense homme d’État, lamentable poëte, acheta du sieur Dufresne l’ancien hôtel de Rambouillet, au marquis d’Estrées le grand hôtel de Mercœur. Sur l’emplacement de ces deux demeures seigneuriales, il donna l’ordre à l’architecte Lemercier de lui bâtir une maison, digne de sa haute fortune. — Quatre autres fiefs furent acquis pour dessiner les jardins. Enfin, pour dégager la façade où étaient les armoiries des Du Plessis, surmontées du chapeau de cardinal, on fit emplette de Sillery, en même temps qu’on ouvrait une grande rue pour permettre au carrosse de son Éminence d’arriver sans encombre à ses fermes de la Grange-Batelière.

La rue devait garder le nom de Richelieu ; la ferme, sur les terrains de laquelle s’élève maintenant le plus brillant quartier de Paris, baptisa longtemps l’arrière-façade de l’Opéra ; le palais seul n’eut point de mémoire.

Tout battant neuf, il échangea son titre de Cardinal pour un titre plus élevé encore. Richelieu dormait à peine dans la tombe, que sa maison s’appelait déjà le Palais-Royal.

Il aimait le théâtre, ce terrible prêtre ! on pourrait presque dire qu’il bâtit son palais pour y mettre des théâtres. Il en fit trois, bien qu’à la rigueur, il n’en fallût qu’un pour représenter