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Page:Féval - Le Bossu (1857) vol 4-6.djvu/125

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LE BOSSU.

bien !… la violence employée contre la mère ne pouvait-elle pas, ne peut-elle pas être renouvelée vis-à-vis de la fille ?… n’avais-je pas… n’ai-je pas encore le droit de préférer ma protection à toute autre, moi qui n’ai jamais plié devant la force ! moi qui, tout jeune, avais l’épée pour jouet ! moi qui dis à la violence : Sois la bienvenue ! tu es mon élément !

La princesse fut quelques secondes avant de répondre. Elle le regardait avec un véritable effroi.

— Est-ce que j’ai deviné ?… prononça-t-elle enfin à voix basse, est-ce que vous allez me refuser ma fille ?

— Non, madame, je ne vous refuserai point votre fille… j’ai fait quatre cents lieues et j’ai risqué ma tête rien que pour vous la ramener… mais j’ai ma tâche tracée… voilà dix-huit ans que je défends votre fille… sa vie m’appartient dix fois, car je l’ai dix fois sauvée…

— Monsieur ! monsieur ! s’écria la pauvre mère ; sais-je s’il faut vous adorer ou vous haïr ? mon cœur s’élance vers vous et vous le repoussez… vous avez sauvé la vie de mon enfant !… vous l’avez défendue…

— Et je la défendrai encore, madame ! interrompit froidement Henri.