Page:Féval - Le Bossu (1857) vol 4-6.djvu/128

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
122
LE BOSSU.

— Eh bien ! madame, si vous ne devez rien craindre, moi, je dois avoir peur.

La princesse se mordit la lèvre. On pouvait voir qu’elle ne contiendrait pas longtemps désormais sa colère.

Lagardère reprit :

— J’arrivais confiant, heureux, plein d’espérance… cette parole m’a glacé le cœur, madame… sans cette parole, votre fille serait déjà dans vos bras…

Quoi ! s’interrompit-il avec une chaleur nouvelle, cette pensée venir la première de toutes !… avant même d’avoir vu votre fille, votre unique enfant, l’orgueil parlant déjà en vous plus haut que l’amour !… La grande dame qui me montre son écusson quand je cherche le cœur de la mère !… Je vous le dis, j’ai peur !… Parce que je ne suis pas femme, moi, madame, mais parce que je comprends autrement l’amour des mères… parce que si l’on me disait : Votre fille est là, votre fille, l’enfant unique de l’homme que vous avez adoré ; elle va mettre son front sur votre sein, vos larmes de joies vont se confondre… si l’on me disait cela, madame, il me semble que je n’aurais qu’une pensée, une seule, qui me rendrait ivre et folle… Embrasser, embrasser mon enfant !