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LE BOSSU.

Dès qu’elle eut franchi la charmille, son sourire tomba ; elle se mit à courir au travers du jardin.

— J’aurai ma fille, s’écria-t-elle, folle qu’elle était ; je l’aurai !… Jamais, jamais, elle ne reverra cet homme !

Elle se dirigea vers le pavillon du régent.

Lagardère aussi était fou, fou de joie, de reconnaissance et de tendresse.

— Espérez !… se disait-il ; j’ai bien entendu… Elle a dit : espérez… Oh ! comme je me trompais sur cette femme !… sur cette sainte !… Elle a dit : espérez… Est-ce que je lui demandais tant que cela… moi qui lui marchandais son bonheur… moi qui me défiais d’elle… moi qui croyais qu’elle n’aimait pas assez sa fille… Oh ! comme je vais l’aimer !… et quelle joie, quand je vais mettre sa fille dans ses bras !

Il redescendit la charmille pour gagner la pièce d’eau qui n’avait plus d’illuminations, et autour de laquelle la solitude régnait.

Malgré sa fièvre d’allégresse, il ne négligea point de prendre ses précautions pour n’être point suivi. Deux ou trois fois, il s’engagea dans des allées détournées ; puis, revenant sur ses pas en courant, il gagna tout d’un trait la loge de maître le Bréant.