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LE BOSSU.

— Quelle pensée ? demanda Lagardère.

— Je suis une folle, Henri, balbutia la jeune fille toute confuse. La pensée qu’il y a des femmes bien belles dans ce Paris… que toutes les femmes doivent avoir envie de vous plaire… et que peut-être…

— Peut-être… ? répéta Lagardère, acharné à sa coupe de nectar.

— Que peut-être vous aimez une autre que moi.

Elle cacha son front rougissant dans le sein de Lagardère.

— Dieu me donnerait-il donc cette félicité ! murmura celui-ci en extase ; faut-il croire ?

— Il faut croire que je t’aime ! dit Aurore étouffant sur la poitrine de son amant le son de sa propre voix qui l’effrayait.

— Tu m’aimes !… toi !… Aurore !… sens-tu mon cœur battre ?… Oh ! s’il était vrai ?… Mais le sais-tu bien toi-même, Aurore, fille chérie ?… connais-tu ton cœur ?

— Il parle… je l’écoute…

— Hier, tu étais un enfant.

— Aujourd’hui, je suis une femme… Henri, Henri, je t’aime !

Lagardère appuya ses deux mains contre sa poitrine.