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LE BOSSU.

Philippe d’Orléans se redressa et dit avec lenteur :

— J’étais le plus proche parent de M. le duc de Nevers… Ma sœur a épousé son cousin, M. le duc de Lorraine… Comme prince et comme allié, je dois protection à sa veuve qui, du reste, est la femme d’un de mes plus chers amis… Si sa fille existe, je promets qu’elle sera une riche héritière, et qu’elle épousera un prince si elle veut… Quant au meurtre de mon pauvre Philippe, on dit que je n’ai qu’une vertu, c’est l’oubli de l’injure… Et cela est vrai : la pensée de la vengeance naît et meurt en moi en la même minute… Mais moi aussi, je fis un serment, quand on vint me dire : Philippe est mort… À l’heure qu’il est, je conduis l’État… Punir l’assassin de Nevers ne sera plus vengeance, mais justice !

Le bossu s’inclina en silence. Philippe d’Orléans reprit :

— Il me reste plusieurs choses à savoir… Pourquoi ce Lagardère a-t-il tardé si longtemps à s’adresser à moi ?

— Parce qu’il s’était dit : Au jour où je me dessaisirai de ma tutelle, je veux que mademoiselle de Nevers soit femme, et qu’elle puisse connaître ses amis et ses ennemis.