Page:Féval - Le Bossu (1857) vol 4-6.djvu/181

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
173
LE BOSSU.

— Personne ne répond, vous le voyez bien, monseigneur, reprit Lagardère ; puisque vous êtes juge, soyez équitable… Qu’y a-t-il devant vous en ce moment ? Un pauvre gentilhomme, trompé, comme vous-même, dans son espoir… J’ai cru bien faire… J’ai cru pouvoir compter sur un sentiment qui d’ordinaire est le plus pur et le plus ardent de tous. J’ai promis avec la témérité d’un homme qui souhaite sa récompense.

Il s’arrêta et reprit avec effort :

— Car je pensais avoir droit à une récompense !…

Ses yeux se baissèrent malgré lui, et sa voix s’embarrassa dans sa gorge.

— Qu’y a-t-il en cet homme-là ? demanda le vieux Villeroy à Voyer d’Argenson.

Le vice-chancelier répondit :

— Cet homme-là est un grand cœur ou le plus lâche de tous les coquins !

Lagardère fit sur lui-même un suprême effort et poursuivit :

— Le sort s’est joué de moi, monseigneur ; voilà tout mon crime… Ce que je pensais tenir m’a échappé. Je me punis moi-même et je retourne en exil.

— Voilà qui est commode ! dit Navailles.